La dernière lettre d’information est entièrement consacrée au dossier de la future station d’épuration de notre commune.
Cette lettre traite d’un certain nombre de sujets importants et en omet un certain nombre d’autres, tous aussi importants.
C’est de cela que nous voulons vous parler aujourd’hui.
De grands oubliés : l’humain, l’environnement, la culture
Dans le choix d’implantation d’une STEP à KERSELLEC en vis-à-vis des habitations le facteur humain a été totalement occulté.
C’est exactement ce qui se passe dans cette lettre : on n’en parle pas du tout.
Pourtant, face à ce choix, les habitants ont tentés de faire entendre leur angoisse et leur opposition à ce projet qui va bouleverser leur vie et le paysage de cette vallée si paisible .
Pour le moment, ils n’ont pas été entendus.
Ils craignent, si près de leur maison :
· les nuisances olfactives (quand les portes s’ouvriront).
· les nuisances sonores : les bruits des moteurs, des turbines, des camions.
· les nuisances visuelles ( la STEP se verra du chemin de st julien ,du hameau de kersellec, de la rue du port
et de bel air).
· les risques d’incendie ou d’explosion qui pourraient être provoqués par le stockage ou la mauvaise
manipulation accidentelle des produits chimiques nécessaires à l’entretien du système industriel.
· les risques de débordement des bassins de rétention d’eau, lors de pluies ou d’orages très violents
· la perte de valeur de leur habitation.
· les risques sanitaires, ce système membranaire laissant s’échapper à travers l’air des nanoparticules dont
les effets, mal connus, sont d’autant plus dangereux qu’elles seraient dégagées tout prêt des maisons.
On nous dit que l’étude d’impact est terminée, mais aucun résident n’a été sollicité !
Tous ces arguments ont laissés nos élus indifférents. Évidemment aucun d’eux n’habite Kersellec .
Leur vie ne sera pas affectée et leur patrimoine conservera sa valeur.
La lettre d’information de la mairie sur la Step dit : « vous ne verrez rien, vous ne sentirez rien, vous n’entendrez rien ».
Dans le cas contraire que fera la mairie ?
Les habitants du POULDU réclament le respect du droit a vivre dans la quiétude à Kersellec et le principe de précaution doit s’appliquer.
Par ailleurs il est aberrant, pour une mairie qui veut faire de Clohars Carnoët une ville de Nature et Culture, de construire une station d’épuration sur un site remarquable et emblématique de l’histoire de l’art, ce qui aura pour conséquence de faire perdre de la valeur à l’ensemble de la commune
Comment ne pas vouloir préserver la possibilité d’un futur développement économique et touristique à partir de ce patrimoine culturel unique au monde ?
Un emplacement exigu, sur un terrain en pente : deux source de surcoûts
La lettre nous présente des projets d’aménagements sous forme de hangars, sur une surface très réduite, qui est bien loin de ce qu’avait prévu la Setur lorsqu’ils ont défini le coût d’investissement.
Les chiffres repris dans les deux lettres d’information datent de la pré-étude réalisée par la cabinet Setur en 2009.
A cette époque le pré-projet de Kersellec portait sur une station de « type membranaire » classique (comme celle de Quiberon que nous avons eu l’occasion de visiter) pour un coût restant, déduction faite des subventions, à charge de la commune de 3 400 000 €. Mais ces chiffres, qui n’ont pas varié d’un centime depuis deux ans , reflètent-ils la réalité ?
· Les chiffres de construction de Setur ne concernent qu’un bâtiment classique du genre industriel, comme toutes les constructions de stations situées à l’écart des habitations En effet nul besoin de « faire beau » quand on est suffisamment loin…
· Il est donc quasi certain que le beau projet de « petits bâtiments agricoles » va coûter beaucoup plus cher que ce qui a été estimé par Setur. En étude et en construction…
· Le budget de Setur ne pouvait pas tenir compte de la topographie très particulière des terrains choisis par la Mairie. Les travaux de terrassement et d’aménagement de ces lieux fortement en pente risquent de coûter beaucoup plus cher qu’un terrain plat et nettement plus facile d’accès aux engins de chantier. De plus la création des rampes d’accès de la station aux camions d’entretien(entre 16 et 25 tonnes) risque également de coûter beaucoup plus cher, vu la configuration actuelle des terrains.
· La pré-étude de Setur ne tenait pas compte non plus des aménagements aux alentours (haies bocagères, arbustes, pelouses, etc) destinés à « fermer la vue » des futurs bâtiments de la station. Idem pour le chemin creux existant qui va être « reconstitué et prolongé jusqu’à la route communale ». Idem pour les surcoûts liés à l’emplacement situé en plein APMVAP en particulier avec une haie qu’il est prévu de détruire, alors que ce n’est pas autorisé dans une telle zone.
· Sur les plans diffusés dans cette lettre, on découvre qu’en plus des bâtiments il a été prévu un « bassin d’agrément eau propre en partie couvert, une terrasse en bois avec vue sur les bassins, un accès au chemin principal par des escaliers/rampes et une allée piétonne engazonnée partant du lavoir ». Là aussi, il serait étonnant que l’étude de Setur comprenne tous ces suppléments.
· Enfin, souvenons nous d’une déclaration du Maire qui annonçait que la station actuelle de Fort Clohars serait entièrement réaménagée afin de ne conserver que des bassins tampons et surtout la rendre plus discrète aux yeux des promeneurs du chemin côtier. Ces réaménagements (destruction et reconstruction) ne sont pas prévus dans le budget présenté.
Le coût du projet de station à Kersellec a été sous-estimé. Nous estimons le surcoût par rapport aux chiffres de la mairie à 1 000 000 d’euros
Couts de fonctionnement : un autre oubli fâcheux.
C’est simple, c’est un sujet dont la mairie ne parle jamais.
Pourtant le cabinet Setur, qui a fait l’étude, estimait que le cout annuel serait, la première année, équivalent à celui du remboursement annuel du prêt qu'il faudra contracter pour rembourser l’investissement et donc, compte tenu de l’inflation, il sera rapidement supérieur.
De plus beaucoup d’experts pensent, avec les premières expériences de stations membranaires que le cout de fonctionnement est en fait supérieur à ces estimations basées sur une station à boues actives.
Que vont payer les cloharsiens ?
C’est une des questions majeures qui se posent, la lettre en parle abondamment, et nous sommes en désaccord avec les chiffres données
Nous nous prévoyons une augmentation de 70% environ le jour où la station sera en place.
La lettre d’info-intox nous dit que la part de la commune sera augmentée de 10% environ sans dire quand et que la mairie « pense » que la part de la Saur (qui est la plus grosse part) ne sera pas augmentée.
Le conseil municipal a, lui, décidé de multiplier par 5 d’ici 2012 le prix de l’eau entre 1 et 40 m3, ce qui ne rapportera pas grand chose mais pénalisera surtout les petits revenus et ceux qui font attention à économiser l’eau
Comment imaginer que la Saur, qui a en charge les couts de fonctionnement qui vont presque doubler n’augmentera pas sérieusement ses prix
C’est absolument sidérant et il n’est pas besoin d’être mathématicien pour comprendre que, quand on passe d’une station d’épuration « à l’ancienne », amortie, à une station nouvelle dernier cri de la technique, d’une capacité augmentée de 70%, avec, au début, le même nombre d’abonnés, la facture va augmenter fortement.
Inutile de raconter des histoires.
L’important c’est de trouver tous les moyens pour en réduire l’impact sur les citoyens, notamment les plus démunis.
La pollution de la Laïta
Un des objectifs du projet, répondant à une demande constante du préfet, était de combattre la pollution de la Laïta engendrée par l’absence d’assainissement collectif dans cette zone.
Il a complètement disparu et la lettre d’information n’en dit pas un mot
Le projet actuel ne prend pas en compte la pollution de la Laïta par les coliformes (analyses données au SAGE Elle/Isole/Laïta) et ne cherche pas à l'éradiquer.
Il faut noter que la rive gauche a été traitée par la ville de Guidel sans qu'il y ait une amélioration de la qualité des eaux de l'estuaire.
Selon des études, la présence de coliformes est de 220/ cent g au confluent Elle/Isole et passe à 4.600/100 g après le pont de Quimperlé, puis à 46.000 après le pont de St Maurice.
Dans ces conditions, à l'horizon 2015, toutes les plages de Guidel risquent d'être fermées. Il faut donc que l'implantation de la future STEP de Clohars prenne en compte les sites de St Maurice, St Germain, Porsmoric, Locourarn. Ce qui n'est pas le cas du projet actuel.
Une autre solution
Lors de la pré-étude initiée en 2009 par le Maire, il fut envisagé trois possibilités pour installer la future station de Clohars : Kersellec, Saint Mady et Keranna. Après les conclusions de cette pré-étude, le choix du Maire fut étonnement rapide : ce sera Kersellec un point c’est tout ! Du coup plus besoin de continuer l’étude sur d’autres lieux en dépit des nombreux problèmes que ce choix impliquait
Or d’autres solutions existent. Des solutions qui, si elles étaient étudiées honnêtement et correctement, apporteraient une vraie réponse au problème de la future station de Clohars.
· La nouvelle station à Kersellec est prévue pour 17.000 EqH. C’est donc 70% de plus que celle qui existe aujourd’hui et qui fonctionne pourtant bien après ses réaménagements de 2007. Une telle capacité est-elle nécessaire ?
· Les raccordements au réseau actuel de Locouarn , Porsmoric, St Germain et St Maurice sont inévitables et urgents mais non prévus dans le projet Kersellec. Une nouvelle étude permettrait de résoudre ce problème.
· Sur les 3500 ha de la commune, d’autres emplacements sont possibles, encore faut-il les chercher
· Le Maire appuie son projet Kersellec sur le respect de la loi littoral et sur le fait qu’aucune dérogation n’est possible pour un autre emplacement. Comment expliquer alors que le groupement de communes de Port Louis, Riantec et Locmiquelic a obtenu une dérogation en juin 2009 pour la construction d’une station à boues activées de 18.000 EqH sur des terrains situés en bord de mer et en zone Natura 2000. Une nouvelle étude permettrait certainement de trouver une solution autre que Kersellec…
Comme vous le voyez, d’autres solution existent. Mais encore faut-il qu’on veuille s’y intéresser. C’est notre cas et nous vous en reparlerons