Du Pouldu au Grand Palais, avec Gauguin
Publié le 3 Février 2018
De la Maison-Musée au Pouldu, Virginie Gorrec, Maud Naour et Cécilia Beauclair sont allées au Grand Palais, à Paris. Elles ont vu l'exposition « Gauguin, l'alchimiste ».
« L'apport de Gauguin à l'histoire de l'Art, c'est le « droit de tout oser ». » Maud reprend la formule du peintre, et celle-ci recoupe parfaitement l'angle de l'exposition qui « ne portait pas seulement sur la peinture, mais sur l'expérimentation, le processus créatif, la technique », appuient Virginie et Cécilia.
Si cette philosophie du « tout oser » a pu rendre l'homme subversif, elle illustre la multi-disciplinarité de l'artiste, qui l'a conduit à toucher à la céramique et à la sculpture. « Ce que m'a apporté l'exposition, c'est de voir que Gauguin était un sculpteur accompli avant d'être un peintre remarquable, confie Maud. Un de ses premiers gestes artistiques a été de sculpter. »
« Le Pouldu est une étape »
Et son temps au Pouldu, lieu plus rude que Pont-Aven à l'époque, tient une grande place dans ce cheminement artistique. « En quittant Pont-Aven, Gauguin s'isole, s'extrait, cherche la solitude et protège son ego. Le Pouldu est une étape pour aller vers le toujours plus sauvage » qui, à terme, le conduit à Tahiti, où il finira ses jours.
Artistiquement, ce dénuement matériel et ce dépouillement spirituel, au Pouldu, l'amènent « à prendre sa liberté, s'assumer. Dans plusieurs disciplines, Gauguin a déjà beaucoup expérimenté. Mais au Pouldu, ces expérimentations se concrétisent, se cristallisent. »
L'exposition, avec des sculptures sur bois telles que Soyez mystérieuses, ou le buste de De Haan, créées au Pouldu, étayent ce qui, en peinture, mène Gauguin « de l'impressionnisme au synthétisme ».
« Dans ses oeuvres produites au Pouldu, les paysages sont plus dénudés. Cela traduit son envie de changement, d'aller vers autre chose », vers le synthétisme.
La statuette La luxure qui a trôné dans le salon de Marie Henry, au Pouldu, il y a 130 ans, était exposée à Paris. « Ses sculptures expriment le contraste entre le côté brut et la sensibilité, par les détails très raffinés. »
À l'été 2018, la Maison du Pouldu incitera les visiteurs à s'aventurer dans les lettres tahitiennes du peintre. Le maire a, quant à lui, dans ses vœux, évoqué une future extension du musée.
Publié le 01/02/2018 OUEST-FRANCE
Question à Virginie Gorrec, Cécilia Beauclair et Maud Naour : Quelles oeuvres de Gauguin, en lien avec le Pouldu, retiendriez-vous de votre visite de l'exposition « Gauguin, l'alchimiste » au Grand Palais ?
Virginie Gorrec. La luxure, en sculpture, et la Femme Caraïbe, en peinture. Elles sont liées. Sur le tableau, c'est la même silhouette qui revient. L'influence lui vient, non pas de Tahiti où il ne se rendra que des années plus tard, mais d'un séjour en Martinique, après avoir travaillé au Panama, sur le canal. Et puis, avec le tournesol, référence à sa relation avec Van Gogh.
Cécilia Beauclair. En peinture, L'Ondine, figure récurrente avec l'eau verte, la chevelure rousse... Ou alors une céramique, toute petite : extrait isolé d'un autoportrait devant Au Christ jaune. À sa droite, le Christ. Mais, à sa gauche, un portrait plus obscur, évoquant sa part « sauvage ».
Maud Naour. Le buste de De Haan, qui paraît très massif de loin, et qui est finalement très raffiné et précis quand on s'en approche : rappel de l'ambivalence de l'artiste. Et surtout Soyez mystérieuses ! Il a alterné peinture et sculpture en le créant. On y trouve la sensualité du corps de la femme, ses hanches polies et lissées.
Publié le Ouest-France