Secrets d'histoire à Saint-Maurice

Publié le 4 Novembre 2017

Gwenaël Guillouzouic porte, avec Joséphine Rouillard, un projet archéologique à Saint-Maurice
 
Le site abbatial de Saint-Maurice à Clohars-Carnoët a été acquis par le Conservatoire du littoral en 1991. Pourtant, son passé reste inconnu. Joséphine Rouillard, docteure en histoire médiévale, enquête sur le terrain.
À Clohars-Carnoët, le site abbatial de Saint-Maurice abritait une communauté de moines cisterciens. En rive droite de la Laïta, à quelques encablures de la mer, sa situation géographique le rend exceptionnel, tout comme sa faune et sa flore.
Mais pas son histoire qui reste la belle inconnue du site. Docteure en histoire médiévale, Joséphine Rouillard tente de lever le voile. Alors que son arrivée à Saint-Maurice, cet été, tient uniquement du hasard.
« Aux archives, il n’y a rien. En 2004, quand nous avons monté l’exposition permanente, nous avons un peu travaillé sur l’histoire. Pierre Le Thoër, historien local, en parle dans son livre Clohars-Carnoët au fil du temps. Mais c’est tout. Nous ne savons rien du passé de l’abbaye », constate Gwenaël Guillouzouic, garde du littoral et gestionnaire du site.
S’il est intrigué, son travail ne lui laisse pas de temps pour plonger dans l’histoire. Jusqu’à ce que le curriculum vitae de Joséphine Rouillard arrive sur son bureau.
Le hasard s’en mêle
La jeune femme, docteure en histoire médiévale, arrive de Bourgogne, postule avec succès pour un emploi de saisonnier à la mairie et assure l’accueil du site pendant l’été. « Je lui posais plein de questions, car elle est spécialisée dans les abbayes cisterciennes. Et Saint-Maurice en est une », relance Gwenaël Guillouzouic.
Au fil des échanges, l’équipe monte un dossier pour obtenir le feu vert à des explorations archéologiques non destructives.
Joséphine Rouillard met son temps libre à profit pour explorer Saint-Maurice : observer le barrage monumental « perdu au fond du bois », pose un regard neuf sur les murs et « les pierres qui proviennent de différentes carrières », questionne l’étang à l’eau saumâtre « construit pour pêcher le poisson que les moines cisterciens mangeaient ».
Nécessaires recherches
Voici quelques jours, Paul Benoit, professeur honoraire à la Sorbonne, a effectué avec Joséphine Rouillard, une prospection visuelle sur certains lieux. Le 19 octobre, le conseil municipal de Clohars-Carnoët vote le projet qui a déjà l’aval des hautes autorités de l’archéologie.
 
Son nom ? L’eau du lieu. Des demandes de subvention sont faites à la Direction régionale des affaires culturelles et au Département. Aux côtés de la commune, chacun pourrait participer pour 40 % au coût estimé à 27 000 €. Objectif : « lever le mystère qui plane sur 90 % du site ».
 
Lever le mystère
 
Joséphine Rouillard, désormais chargée de mission et attachée de conservation du patrimoine, va « porter un regard neuf » sur les rares écrits aux Archives départementales.
Au printemps, une prospection géophysique est programmée, grâce à une méthode non invasive « pour avoir une cartographie du sous-sol ».
Des diodes posées au sol envoient du courant et reçoivent un signal en réponse. Ces signaux permettent de déterminer une carte du sous-sol. Des chercheurs du CNRS, Centre national de la recherche scientifique, viendront faire les manipulations.
 
« Nous essaierons de trouver le plan précis de l’abbaye, le réseau de canaux hydrauliques car, pour l’instant, nous ne savons pas où passe l’eau. De savoir d’où viennent les pierres. L’archéologie du bâti n’a jamais été faite et les murs sont faits d’une grande variété de pierres. Où se situe le cimetière ? Le site, c’est 600 ans de vie cistercienne dont on ne sait rien », concluent les instigateurs du projet.
 
Il sera présenté en colloque international au Portugal en août 2018.
 
Béatrice GRIESINGER Ouest-France Publié le 03/11/2017

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